Jean-Marie Le Pen face à la justice pour des propos jugés antisémites visant Patrick Bruel
Jean-Marie Le Pen a déjà été condamné à 12 reprises pour des faits similaires


L’ancien leader d’extrême droite Jean-Marie Le Pen, était jugé ce mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris pour incitation à la haine raciale. Au terme de quatre heures d'audience qui se sont déroulées en l'absence du prévenu représenté par son avocat, les juges ont fait savoir qu'ils rendraient leur décision le 29 octobre.
Les propos incriminés proviennent d'une vidéo publiée en 2014 sur le site Internet du parti dans laquelle Jean-Marie Le Pen a fustigé des artistes qui dénonçaient ses positions extrémistes, dont Madonna et l’ancien tennisman et chanteur, Yannick Noah.
Interrogé ensuite sur la position similaire du chanteur et acteur d'origine juive Patrick Bruel, l’ancien dirigeant d’extrême droite a répondu en faisant un jeu de mots évoquant la Shoah : "Je ne suis pas surpris. Écoutez, la prochaine fois, nous ferons une autre fournée !"
La raillerie avait déclenché un torrent d'indignation, y compris au sein de son propre parti, tandis que Marine Le Pen avait dénoncé une "erreur politique".
Jean-Marie Le Pen s’est toujours défendu de tout commentaire antisémite, affirmant que ces accusations venaient de ses "ennemis politiques ou des imbéciles qui cherchaient à l'abattre".
"Cette affaire ne repose que sur une partie d'une phrase sortie de son contexte", a déclaré son avocat Frédéric Joachim, qui a demandé un non-lieu.
Plusieurs associations, dont le BNVCA (Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme) se sont portées partie civile. Cette comparution marquait l'aboutissement d'une procédure judiciaire commencée en 2014, puis mise en suspens alors que l'homme politique était protégé par son immunité de député européen.
L'avocat du BNVCA, Me Marc Bensimon, a indiqué à i24NEWS que le prévenu risquait jusqu'à un an d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende. "Jean-Marie Le Pen n'a toujours écopé que d'amendes dans ce genre d'affaires. Nous espérons cette fois-ci qu'il sera condamné à une peine d'emprisonnement. Même si celle-ci serait évidemment assortie du sursis, une telle condamnation serait très forte symboliquement", a déclaré Me Bensimon.
Le fondateur du Front national, âgé de 93 ans, est coutumier de ce genre de procès. Condamné à 12 reprises par le passé pour des propos antisémites ou des faits de révisionnisme, il a été écarté de la direction du parti par sa fille Marine Le Pen en 2015, qui lui a succédé. Depuis, cette dernière s’évertue à redorer l’image du parti rebaptisé Rassemblement national, et à le blanchir de sa réputation antisémite.