"L'idéologie du Hamas est déjà présente en Europe" : Jordan Bardella en visite historique en Israël
"L'islamisme est une menace existentielle pour nos démocraties, une menace vitale peut-être la plus importante."


Dans une démarche sans précédent, Jordan Bardella, président du Rassemblement National, a effectué une visite officielle en Israël, marquant la première fois qu'un représentant de ce parti est invité par le gouvernement israélien. Cette visite de deux jours, chargée en symboles, illustre un tournant dans les relations entre l'État hébreu et le mouvement politique fondé par Jean-Marie Le Pen.
Face aux traces du 7 octobre
Dès son arrivée, Bardella s'est rendu sur les lieux du massacre du 7 octobre, notamment au festival Nova, où 364 Israéliens ont été tués et 44 kidnappés. L'air grave et le regard ému, il a écouté attentivement le témoignage poignant de Chaim Raha, jeune Israélien survivant du festival : "En tout, j'ai perdu 6 copains, 4 dans l'armée et 2 très bonnes copines à moi dans la fête. On était partis vraiment pour s'amuser, pour passer un beau moment et on s'est retrouvés dans un champ de mort." En bruit de fond de cette visite, les tirs d'artillerie et les bombardements de Tsahal en Gaza rappelaient la réalité d'un conflit toujours en cours.
Une invitation controversée mais assumée
Cette visite a été organisée à l'invitation du ministre israélien de la Diaspora, Amirai Chikli, qui a abordé frontalement le passé controversé du parti français : "Nous n'oublions pas le passé et nous ne pardonnons pas. Nous savons exactement ce que sont Vichy, Drancy et le Vél d'Hiv, mais la nouvelle génération se distingue de la précédente. Je ne condamne pas Marine Le Pen pour les propos de son père. Les gens peuvent changer et les partis aussi." Pour le ministre israélien, cette invitation reflète une stratégie pragmatique : "Je suis très heureux de la présence de Jordan Bardella en Israël. Pour moi, c'est ça l'amitié. C'est comme cela que l'on lutte contre un ennemi commun."
Un itinéraire chargé de symboles
Après le festival Nova, la délégation s'est rendue à Sderot, ville particulièrement touchée le 7 octobre, où le président du RN a visionné les images des massacres compilées par Tsahal. À Netiv HaAsara, autre lieu durement touché, il a rencontré Sabine Tassa, qui a perdu son mari et son fils dans l'attaque : "Ils nous jettent deux grenades, une grenade sur le toit et la deuxième, ils ouvrent l'armoire et une deuxième grenade dans l'armoire," a-t-elle témoigné, ravivant la mémoire de cette journée tragique.
Une rupture avec le passé ?
Face aux critiques en France concernant cette visite, Jordan Bardella a tenu à réaffirmer sa position : "J'ai toujours été extrêmement clair sur le rapport de notre mouvement à la mémoire, le rapport de notre mouvement à la Seconde Guerre mondiale. Je considère que le régime de Vichy fait partie des heures sombres de l'histoire française, mais que l'honneur et la dignité de la France se trouvait à Londres, aux côtés du général de Gaulle. C'est dans cette lecture historique que j'inscris mon engagement politique."
Dans un geste hautement symbolique, le président du RN s'est rendu au mémorial de Yad Vashem à Jérusalem : "Le devoir de mémoire est essentiel, le devoir de conscience, le devoir de mémoire à l'égard des périodes les plus sombres et les plus douloureuses de l'humanité est absolument vital."
"L'islamisme, une menace existentielle"
Au-delà de la dimension mémorielle, Jordan Bardella a profité de sa présence en Israël pour alerter sur ce qu'il considère comme une menace commune : "L'islamisme est une menace existentielle pour nos démocraties, une menace vitale peut-être la plus importante. Je suis extrêmement inquiet de voir que l'idéologie du Hamas, le combat ici d'Israël, est une idéologie qui est déjà présente en France et en Europe depuis maintenant plusieurs années."
Une conférence contre l'antisémitisme
Pour clôturer sa visite, Jordan Bardella s'exprimera lors d'une conférence contre l'antisémitisme organisée à Jérusalem par le ministère de la Diaspora. L'occasion pour lui de réaffirmer la position de son parti comme "bouclier pour la communauté juive de France" et d'insister sur "la sincérité de [son] engagement" face à "la recrudescence d'un antisémitisme d'atmosphère en France et en Europe."
Cette visite historique marque indéniablement un tournant dans le positionnement international du Rassemblement National et dans ses relations avec Israël, dans un contexte où les questions d'antisémitisme et de lutte contre l'islamisme radical occupent une place centrale dans le débat politique français.