Enfants otages libérés de Gaza : les terribles séquelles psychologiques
Ces enfants portent le double fardeau de leur propre trauma et de la culpabilité d'avoir laissé d'autres otages derrière eux
Les séquelles psychologiques des enfants libérés de Gaza s'avèrent plus graves et complexes qu'initialement anticipé, selon un nouveau rapport établi par quatre psychologues spécialisés. Cette étude, menée par des experts de l'organisation First Line Medicine (FLM) et du collectif des familles d'otages, offre un aperçu inédit sur la santé mentale des 35 enfants et adolescents libérés après l'unique accord conclu avec le Hamas fin novembre 2023.
"La perte de confiance envers le monde des adultes constitue le dommage le plus préoccupant", affirme le professeur Ofrit Shapira-Barman de l'Université hébraïque. "Du point de vue de l'enfant, tous les adultes - que ce soit l'armée, l'État, ou même leurs parents - ont échoué à les protéger."
Les experts ont identifié plusieurs symptômes récurrents chez ces jeunes rescapés: des manifestations physiques de détresse émotionnelle (maux de tête, problèmes digestifs), un intense sentiment de culpabilité envers les otages encore détenus, une anxiété particulière à l'écoute de la langue arabe et des difficultés de concentration et d'adaptation scolaire.
Paradoxalement, la situation est encore compliquée par l'attitude parfois bienveillante de certains terroristes. "Certains leur ont donné des crayons de couleur, du chocolat", explique le Pr Shapira-Barman. "Cette ambiguïté entre bourreaux et protecteurs, couplée aux bombardements israéliens vécus comme une menace mortelle, perturbe profondément leur compréhension du bien et du mal."
Les chercheurs alertent également sur les défis de la "célébrité" non désirée des ex-otages. Si l'euphorie des retrouvailles a d'abord créé un cocon protecteur, celui-ci est devenu progressivement étouffant pour certains. Plus inquiétant encore, plusieurs enfants ne reçoivent toujours aucun suivi psychologique, notamment en raison de la perte de leurs parents ou de leur situation de déplacés.
Face à ces constats, les experts recommandent la mise en place urgente d'un programme national de soins en santé mentale, financé par l'État et dispensé par des spécialistes en traumatologie. Ils soulignent également que le véritable processus de guérison ne pourra débuter qu'après la libération de tous les otages encore détenus à Gaza, dont les frères Ariel et Kfir Bibas.
Pour l'heure, ces enfants portent le double fardeau de leur propre trauma et de la culpabilité d'avoir laissé d'autres otages derrière eux, rendant leur réhabilitation particulièrement délicate.