« Ces enfants de 20 ans combattent comme des lions » : plongée dans le quotidien des commandos d'élite Givati à Gaza
« Ils ont peut-être 20 ans, mais ce sont des vrais hommes, de vrais combattants. Ils n'ont peur de rien, ils sont très précis, très exacts »


Dans un témoignage rare diffusé sur i24NEWS, deux soldats réservistes de la prestigieuse unité commando Givati ont accepté de lever un coin du voile sur leur quotidien dans la bande de Gaza. Pour des raisons de sécurité, leurs visages restent floutés et seules leurs initiales — H et E — sont révélées. L'un a été formé dans cette unité d'élite il y a six ans, l'autre, une femme, combat à leurs côtés sur le terrain depuis le début du conflit. Leur récit offre un aperçu saisissant de ce que vivent ces combattants d'exception.
Des soldats hors normes face à un conflit sans précédent
« Ils ont peut-être 20 ans, mais ce sont des vrais hommes, de vrais combattants. Ils n'ont peur de rien, ils sont très précis, très exacts », confie H, la réserviste qui accompagne l'unité sur le terrain. Une discipline de fer et un professionnalisme hors pair qui impressionnent, particulièrement chez ces jeunes soldats confrontés à l'une des guerres urbaines les plus complexes de l'histoire d'Israël. L'émotion est palpable lorsque E, ancien membre de cette unité d'élite, évoque le parcours de formation brutal de ces commandos :

« Ces trois nuits interminables qui nous apprennent énormément, la sensation d'être accepté à la Sayeret (unité commando), d'avoir passé le Gibush (sélection) et d'atteindre cet objectif... Et ce n'est que le début du chemin. » Un an et quatre mois d'entraînement intensif sont nécessaires avant d'être opérationnel.
« Ils connaissent le terrain par cœur »
Ce qui frappe dans leur témoignage, c'est l'endurance remarquable de ces commandos qui, selon E, « combattent tous les jours depuis plus d'un an et demi maintenant. Ils ne sont pratiquement pas sortis de Gaza et connaissent le terrain par cœur. Ils savent tout faire, même des choses, des formations qu'ils n'avaient pas initialement. » Les chiffres, malheureusement, parlent d'eux-mêmes. « C'est l'une des unités qui a perdu le plus de combattants sur le terrain », souligne H avec gravité, « pour la seule et unique raison qu'elle était l'une des plus exposées, l'une des unités qui a gagné le plus de terrain, qui a récupéré le plus de maisons, qui a tué le plus de terroristes. »
La bataille contre des « fantômes »
L'un des défis majeurs auxquels sont confrontés ces soldats d'élite est la nature même de l'adversaire qu'ils combattent. « On se bat plus ou moins contre des fantômes », explique H, évoquant la tactique des terroristes du Hamas qui se mêlent délibérément à la population civile, vêtus de jeans et de sandales. « Au début, on était un peu réticents, on ne veut pas toucher des civils, sauf qu'on comprend très vite que ce ne sont pas des civils, puisqu'on voit qu'ils sont armés », poursuit-elle, ajoutant que l'armée dispose aujourd'hui de meilleurs moyens pour identifier les combattants ennemis. E complète ce tableau : « Ils sortaient à peine la tête ou les mains des tunnels ou des maisons qu'on ne voyait même pas pour nous tirer dessus et repartir se cacher dans les tunnels. Ça a été un vrai challenge. »
Les tunnels, terrain de combat souterrain
Sans pouvoir entrer dans les détails opérationnels, les deux réservistes confirment que les commandos Givati ont été « l'une des premières et l'une des seules unités à aller dans les tunnels et à les détruire même. » Cette guerre souterraine explique en partie la progression méthodique des forces israéliennes. « On n'avance pas doucement, on avance sûrement », insiste H. « On n'a pas de vie à perdre gratuitement. On veut être sûr que chaque pas qu'on fait n'est pas un endroit miné, pas un endroit où on est trop exposé pour recevoir des RPG ou des tirs de sniper. »
Une mission qui se poursuit
Alors que le conflit entre dans une nouvelle phase, la mission globale reste claire selon H : « Anéantir le Hamas et tout autre mouvement terroriste qu'il y a dans Gaza, éliminer et trouver des tunnels, et bien évidemment la mission principale, on ne l'oublie pas, c'est de ramener les otages en gagnant du terrain, en désarmant le Hamas. »
Ce rare témoignage offre un éclairage précieux sur l'engagement de ces hommes et femmes d'exception, qui portent sur leurs épaules le poids d'un conflit asymétrique d'une complexité sans précédent. Derrière l'image souvent déshumanisée du conflit, ce sont des soldats qui, comme le dit si bien E, « font très attention, n'ont pas de vie à donner en plus » et tentent d'accomplir leur mission tout en minimisant les pertes humaines dans l'un des théâtres d'opération les plus dangereux du monde.