Benjamin Netanyahou annonce sa décision de limoger le chef du Shin Bet
Les tensions entre les deux hommes couvaient depuis plusieurs mois


Benjamin Netanyahou a annoncé dimanche soir sa décision de limoger le chef du Shin Bet, Ronen Bar. L'annonce n'a surpris personne, tant les tensions entre les deux hommes étaient persistantes ces derniers mois. Pour justifier sa décision, le Premier ministre a mis en avant un "manque de confiance".
"Citoyens d'Israël, nous sommes au cœur d'une guerre pour notre existence même – une guerre sur plusieurs fronts. À tout moment, mais surtout dans une guerre aussi existentielle, le Premier ministre doit avoir pleinement confiance dans le chef du Shin Bet. Malheureusement, la situation est inverse : je n'ai pas cette confiance", a déclaré Netanyahou dans un message vidéo.
"Je continue de me méfier du chef du Shin Bet et cette méfiance s’est accrue au fil du temps. Face à ce manque de confiance persistant, j'ai décidé de soumettre au gouvernement une proposition de résolution visant à limoger le chef du Shin Bet. En tant que Premier ministre en charge du Shin Bet, je suis certain que cette étape est nécessaire pour la réhabilitation de l'organisation, pour atteindre tous nos objectifs de guerre et pour prévenir la prochaine catastrophe", a encore dit le chef du gouvernement.
Cette décision, qui couvait depuis un certain temps, s'est précipitée après l'affaire impliquant l'ancien chef du Shin Bet, Nadav Argaman. Interrogé à la télévision en fin de semaine dernière, ce dernier a menacé Netanyahou de révéler certaines informations hautement confidentielles à son sujet qu'il prétend détenir. L'ancien chef du renseignement intérieur devrait être interrogé par la police dans les prochains jours à la suite d'une plainte déposée par le Premier ministre. Dénonçant vigoureusement l'attitude de Nadav Argaman qu'il a accusé "d'utiliser des méthodes mafieuses", Netanyahou avait, dans la foulée, de nouveau critiqué Ronen Bar, disant que ce dernier agissait également contre lui.

En dépit des pressions de plus en plus fortes exercées sur lui par le gouvernement, le dirigeant du renseignement intérieur avait indiqué il y a deux semaines qu'il ne démissionnerait qu'à deux conditions : le retour des 59 otages encore à Gaza et la mise en place d’une commission d’enquête d’Etat sur les événements du 7 octobre. Et c'st encore ce qu'il a signifié à Netanyahou dans sa réaction à l'annonce de son limogeage, se dressant contre cette décision. Ronen Bar a ainsi affirmé qu'il resterait à son poste "dans un avenir proche", invoquant ses responsabilités envers la sécurité nationale dans un contexte de fortes tensions sécuritaires. Selon lui, son renvoi n'est pas lié aux événements du 7 octobre, pour lesquels il avait déjà "assumé la responsabilité du service" et indiqué son intention de démissionner ultérieurement.
"Le Shin Bet, sous ma direction, a mené une enquête approfondie sur le 7 octobre, révélant des failles dans les services de renseignement et les processus internes, dont la correction a déjà commencé", a déclaré Bar. "Parallèlement, l'enquête a mis en lumière une politique menée pendant des années, en particulier l'année précédant le massacre, par le gouvernement et son chef", a-t-il déclaré, pointant "un mépris délibéré et prolongé des avertissements de l'organisation par les échelons politiques".
Le chef du Shin Bet a également souligné la nécessité de poursuivre les efforts pour rapatrier les otages et de préparer sa succession en formant deux candidats potentiels pour le remplacer. Après ces déclarations de Ronen Bar, le porte-parole du renseignement intérieur a toutefois pris soin de préciser que celui-ci respecterait la loi en se conformant au résultat du vote sur son limogeage.
Le limogeage de Ronen Bar, qui sera soumis à un prochain vote du gouvernement, intervient alors que le Shin Bet a ouvert une enquête contre de proches collaborateurs du Premier ministre pour des liens présumés avec le Qatar. Les opposants à Netanyahou considèrent le renvoi de Ronen Bar comme un moyen pour le chef du gouvernement de mettre un terme à ces investigations. C'est d'ailleurs cette même enquête qui pourrait constituer une entrave juridique au limogeage de Ronen Bar, s'il est déterminé qu'elle entraîne un conflit d'intérêts.