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L'Iran face à un dilemme : Vengeance ou pragmatisme économique ?
"Une attaque israélienne sur les infrastructures pétrolières iraniennes, similaire à celle menée contre les Houthis au Yémen, serait catastrophique pour le régime."
L'élimination récente de Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, a plongé le régime iranien dans une crise stratégique sans précédent. Alors qu'Israël attend une éventuelle riposte de Téhéran, des considérations économiques cruciales pourraient bien tempérer les ardeurs belliqueuses de la République islamique.
Le nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian, semble privilégier une approche modérée, cherchant à éviter une escalade qui pourrait s'avérer désastreuse pour l'économie fragile du pays. Cette posture s'explique en grande partie par la dépendance croissante de l'Iran à ses exportations pétrolières, qui ont atteint un niveau record de 3,2 millions de barils par jour en 2023, selon l'OPEP. "Le pétrole est actuellement le poumon économique de l'Iran", explique le Dr. Meir Javedanfar de l'Université Reichman. "Une attaque israélienne sur les infrastructures pétrolières iraniennes, similaire à celle menée contre les Houthis au Yémen, serait catastrophique pour le régime." Cette prudence s'inscrit dans un contexte économique déjà tendu. Avec un taux d'inflation officiel de 31,6% et un tiers de la population vivant sous le seuil de pauvreté, le régime craint qu'une action militaire ne provoque des troubles sociaux internes.
Le Dr. Sharona Mazalian Levi, experte de l'Iran à l'Université de Tel-Aviv, souligne : "La survie du régime est la priorité absolue. Une initiative tactique risquée pourrait leur être fatale." La stratégie de Pezeshkian, visant à se rapprocher de l'Occident pour alléger les sanctions, se trouve ainsi à la croisée des chemins. Son récent discours à l'ONU, appelant à la paix au Moyen-Orient, contraste fortement avec la rhétorique habituelle du régime. Cependant, cette apparente faiblesse pourrait avoir des répercussions internes. "L'humiliation des alliés du régime par une puissance étrangère remet en question la perception de dissuasion du régime vis-à-vis de son propre peuple", analyse le Dr. Javedanfar. Benny Sabti, chercheur à l'INSS, conclut : "Après une longue période où Israël semblait dans l'impasse, c'est maintenant l'Iran qui se trouve dans une situation délicate." Alors que le temps passe depuis l'élimination de Nasrallah, le silence relatif de Téhéran pourrait bien être le signe d'un changement profond dans l'équilibre des forces régionales. L'Iran, jadis considéré comme le faiseur de rois du Moyen-Orient, se trouve aujourd'hui confronté à un choix cornélien entre son idéologie révolutionnaire et sa survie économique.