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Le piratage des appareils du Hezbollah expose les zones d'ombre des chaînes d'approvisionnement asiatiques
L'affaire met également en lumière la persistance sur le marché de modèles anciens et potentiellement vulnérables.
L'attaque qui a frappé le Hezbollah au Liban, faisant 37 morts et environ 3 000 blessés, a mis en lumière les zones d'ombre du marché des technologies obsolètes. Des pagers et des talkies-walkies piégés ont été au cœur de la frappe, soulevant des questions sur la sécurité et la traçabilité de ces appareils.
Contrairement aux produits électroniques récents, dont la chaîne d'approvisionnement est rigoureusement contrôlée, les gadgets plus anciens circulent dans un marché opaque. La contrefaçon, les surplus de stocks et la complexité des accords de fabrication rendent souvent impossible l'identification de l'origine exacte d'un produit.
Les réactions des entreprises concernées illustrent parfaitement cette problématique. Gold Apollo, fabricant taïwanais de pagers, a rejeté la responsabilité sur un licencié européen, déclenchant des enquêtes dans plusieurs pays dont la Hongrie et la Roumanie. De son côté, le japonais Icom, dont le nom apparaissait sur les talkies-walkies explosifs, a initialement déclaré ne pas pouvoir authentifier les appareils, avant de juger "extrêmement faible" la probabilité qu'il s'agisse de ses produits. Le ministre libanais des Télécommunications, Johnny Corm, a souligné que les appareils n'avaient pas été importés par des canaux officiels, suggérant l'implication de produits contrefaits. Cette affaire met en évidence la vulnérabilité des chaînes d'approvisionnement, comme l'explique David Fincher, consultant basé en Chine : "Compromettre la chaîne d'approvisionnement n'est pas si difficile. C'était probablement la partie la plus facile de l'opération."
Le problème est exacerbé par la prévalence des contrefaçons, particulièrement dans les grands centres de production comme la Chine. Joe Simone, partenaire du cabinet de propriété intellectuelle East IP, souligne que les petites marques investissent moins dans la lutte contre la contrefaçon, principalement en raison des coûts élevés.
L'affaire met également en lumière la persistance sur le marché de modèles anciens et potentiellement vulnérables. Icom avait cessé la production du modèle IC-V82 il y a dix ans, mais des versions de ce talkie-walkie restent largement disponibles sur diverses plateformes de commerce électronique en Chine et au Vietnam.
Alors que les enquêtes se poursuivent pour déterminer l'origine exacte de ces gadgets, cette affaire pourrait bien marquer un tournant dans la gestion des technologies obsolètes à l'échelle mondiale.