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La stratégie iranienne dévoilée : comment Téhéran infiltre les universités européennes
L'Iran, en collaboration avec le Hamas et d'autres groupes, utilise les milieux académiques pour diffuser sa propagande et déstabiliser les démocraties occidentales.


Dans un entretien accordé à l'émission "Défense" sur i24NEWS, le journaliste et expert Emmanuel Razavi a levé le voile sur les méthodes d'infiltration des réseaux iraniens en Europe, révélant une stratégie sophistiquée qui cible particulièrement les milieux universitaires occidentaux.
Une convergence stratégique entre les réseaux islamistes
"Il y a une convergence maintenant depuis plusieurs années", explique Emmanuel Razavi, confirmant les accords passés entre la République islamique d'Iran et les organisations comme le Hamas et le Jihad islamique. Ces accords, précise-t-il, reposent sur un échange de services : "La République islamique d'Iran apporte un soutien financier et paramilitaire au Hamas et au Jihad islamique, en échange de quoi ces organisations font profiter les Gardiens de la révolution islamique iraniens de leur réseau en Europe." Cette collaboration s'étend au-delà des groupes islamistes sunnites pour inclure également des mouvements d'extrême gauche comme le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). "C'est une espèce d'alliance qui a été gérée par les services secrets des Gardiens de la révolution, qui regroupe à la fois des relais en Europe du Hamas, du Jihad islamique et du FPLP", détaille-t-il.
Les universités, cibles privilégiées
L'expert, qui enquête sur ces questions depuis des années, révèle comment les services iraniens ciblent méthodiquement les milieux académiques européens. "La Suisse fait partie des pays qui ont été très clairement infiltrés par les Gardiens de la révolution. La cible des Gardiens de la révolution, c'était notamment les milieux universitaires suisses", affirme Razavi. La méthode est subtile : "Ils ont poussé des universités iraniennes, qui sont entre leurs mains, évidemment, comme l'Université de Téhéran, à se rapprocher d'universités suisses." Ces jumelages et échanges universitaires, qui existent également en Espagne et dans d'autres pays européens, servent de couverture à des opérations d'influence beaucoup plus larges.
Des agents d'influence recrutés par différents moyens
Emmanuel Razavi décrit avec précision comment sont recrutés ces "agents d'influence" dans les milieux universitaires : "Il y en a certains qui sont payés en cash, d'autres qui sont payés... des doctorants qui font des travaux, qui ont besoin d'avoir des visas pour aller en Iran pour faire leurs recherches." D'autres encore, précise-t-il, "acceptent par pure idéologie" de porter un discours favorable à la République islamique ou à ses proxys comme le Hezbollah, le FPLP ou le Hamas. La stratégie narrative est toujours la même : "Expliquer à chaque fois que ce sont des mouvements de résistance qui font face à un État qui a des pratiques génocidaires, c'est-à-dire qui ne disent jamais qu'Israël est une démocratie."
Un objectif clair : déstabiliser l'Europe
"Le but, c'est de porter le chaos en Europe sans faire la guerre", résume Razavi. L'objectif final étant de "faire pression sur les démocraties européennes, pour qu'à leur tour, elles fassent pression sur Israël." Ces éléments de langage et stratégies d'influence ne sont pas improvisés : "Ils sont pensés à la fois par les services secrets des Gardiens de la Révolution et des éléments du ministère des Affaires étrangères iraniennes, et ils les portent dans les universités européennes."
Des témoignages concordants
Pour appuyer ses révélations, Emmanuel Razavi mentionne son témoignage devant les sénateurs français il y a un mois et demi, aux côtés de Mathieu Gaderi, ancien agent du contre-espionnage français qui a infiltré les services secrets iraniens. "Nous avons raconté exactement la même chose", souligne-t-il, renforçant la crédibilité de ces informations.
L'expert, qui a déjà publié un livre sur le sujet et en prépare un autre, insiste sur la gravité de la situation : "Il faut se rendre compte que c'est extrêmement grave."
Cet entretien offre une rare plongée dans les méthodes d'influence et de déstabilisation employées par l'Iran et ses alliés en Europe, mettant en lumière une menace souvent invisible mais bien réelle pour les démocraties occidentales.