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80 ans de la libération d'Auschwitz : une campagne numérique rend hommage aux survivants
Quatre-vingts survivants du camp de la mort participeront à une série de vidéos intitulée "J'ai survécu à Auschwitz : souvenez-vous"
Pour marquer le 80e anniversaire de la libération d'Auschwitz le 18 janvier, la Conférence sur les revendications, une organisation qui travaille pour l'indemnisation matérielle des survivants de l'Holocauste à travers le monde, a lancé lundi une campagne numérique mondiale pour faire retentir le message "J'ai survécu à Auschwitz : souvenez-vous".
Le 80e anniversaire de la libération d'Auschwitz, où ont péri plus d'1,1 million de personnes, a lieu un peu plus d'un an après les événements traumatisants que l'État d'Israël a vécus le 7 octobre 2023, et l'augmentation dramatique de l'antisémitisme à travers le monde depuis lors.
Cette campagne numérique présentera les témoignages de 80 survivants du camp d'extermination qui seront diffusés pendant deux semaines sur les réseaux sociaux, principalement à destination de la jeune génération. Dans chaque vidéo, les survivants répondent à la question : quelle est la chose la plus importante de votre expérience dans le camp d'extermination d'Auschwitz que vous voulez que l'on retienne ?
L'idée de la campagne a été inspirée par le témoignage d'Aaron Krell, survivant d'Auschwitz, sur son frère Zvi, mort de faim après un an dans le ghetto de Lodz. Zvi, le deuxième des trois frères, était footballeur, se souvient Aaron Krell. La pénurie de nourriture, le travail forcé et le manque de soins médicaux ont rendu Zvi extrêmement maigre. Aaron se souvient des derniers mots que Zvi lui a dit avant sa mort: "S'il vous plaît, ne m'oubliez jamais".
"Cette campagne est un hommage à Aaron, à son frère Zvi et à toutes les familles qui ont été perdues, assassinées et persécutées par les nazis. "Je n'ai pas seulement perdu Zvi, mais aussi mon frère Moshe et ma mère Esther dans la Shoah, témoigne Aaron Krell dans l'une des 80 vidéos. J'ai survécu à cinq camps de concentration et ghettos, dont Auschwitz. Je sais que beaucoup ne peuvent pas comprendre ce que j'ai traversé. Mais on peut comprendre ce qu'est aimer un frère comme j'aimais Zvi, imaginer la douleur insupportable d'une telle perte, et de là, j'espère, accepter que les leçons de l'Holocauste doivent toujours être rappelées."
Ainsi, Ella Blumenthal, survivante âgée de 103 ans vivant en Afrique du Sud, demande que le monde se souvienne qu'elle n'a jamais perdu espoir à Auschwitz bien qu'elle ait perdu 23 membres de sa famille proche. Elle et sa cousine, Roma, ont survécu. "Elle m'a suppliée de mettre fin à notre souffrance en nous jetant sur la clôture électrique, disant que le seul moyen de sortir d'Auschwitz était le crématorium. J'ai réussi à la convaincre d'attendre encore un jour, puis un autre jour, parce que je n'étais pas prête à mourir. Je voulais vivre".
Yona Laks, une jumelle qui a survécu aux expériences du docteur Mengele au camp d'Auschwitz, qui vit aujourd'hui en Israël, a déclaré : "J'ai fait le vœu de consacrer toutes mes forces, tout mon temps, tout, pour raconter, documenter et transmettre aux gens ce qui s'est passé. Je suis Yona Laks, et il est important pour moi que vous vous souveniez".
Eva Spatzi, survivante d'Auschwitz originaire d'Allemagne, a parlé de sa mère, de son père et de son jeune frère, qui ont tous été assassinés pendant la Shoah. Sa mère avait tenté de la sauver avec de faux papiers, mais les nazis l'ont démasquée et envoyée à Auschwitz le 3 novembre 1944. "A cette époque, je ne savais pas que ma mère, mon père et mon petit frère Tomaš, avaient déjà été envoyés à Auschwitz et y avaient été tués. Ils me regardaient d'en haut quand je suis entré par le portail. Je ne pensais pas à cela à l'époque. Y penser aurait été fatal pour moi."