"On ne doit pas céder aux intimidations" : Fabrice Balanche témoigne sur i24NEWS après son agression à l'université Lyon-2
"La propagande qui est faite aujourd'hui, ce n'est que de la propagande anti-israélienne, qui vous fait passer le Hamas pour un mouvement de résistance et Israël pour le grand méchant", alerte-t-il.


Agressé en plein cours par une vingtaine d'individus cagoulés à l'université Lyon-2, le professeur Fabrice Balanche, spécialiste du Moyen-Orient, a livré un témoignage dimanche soir sur i24NEWS. Son récit met en lumière la montée des tensions idéologiques dans les campus français et pose la question de la liberté académique face aux pressions militantes.
Une intrusion violente pendant un cours sur l'Union européenne
"Je faisais un cours sur le voisinage de l'Union Européenne, l'Ukraine, le Caucase, la Méditerranée, quelque chose qui n'avait pas grand-chose à voir avec l'islam ou avec le conflit israélo-palestinien", raconte Fabrice Balanche. C'est alors qu'une vingtaine d'individus masqués et cagoulés ont fait irruption dans l'amphithéâtre, brandissant une banderole "Libérez la Palestine" et "Stop au nettoyage ethnique", en hurlant "Racistes, sionistes, c'est nous les terroristes". Le professeur a été directement pris à partie, accusé d'être "islamophobe" pour s'être opposé à la tenue d'un iftar à l'université, au nom de la laïcité. "Ils m'ont traité évidemment de sioniste, de pro-israélien, de génocidaire, de pro-Assad aussi", témoigne-t-il. Quatre étudiants courageux se sont interposés, lui permettant de quitter l'amphithéâtre sans être physiquement agressé.
"Un laxisme depuis 10-15 ans"
Pour Fabrice Balanche, cet incident s'inscrit dans un contexte plus large de dégradation du climat universitaire. "Depuis deux ans, il y a une telle ambiance délétère dans cette université, après le 7 octobre. Enfin, ça avait déjà même commencé avant", souligne-t-il, rappelant qu'en octobre 2023, l'université avait accueilli une conférence "pour dénoncer l'apartheid israélien" avec la participation d'une membre du FPLP.
Le chercheur dénonce "un laxisme depuis 10-15 ans" à Lyon-2 face aux blocages et aux débordements. "Il y a 20 étudiants devant l'université qui vous mettent trois poubelles le matin. On décrète la fermeture administrative et vous avez 27 000 étudiants qui sont privés de cours, qui sont pris en otage", déplore-t-il.
Des solutions radicales face à une situation critique
Face à cette situation, Fabrice Balanche appelle à "réinstaurer le principe de laïcité de façon extrêmement ferme" et à sanctionner "toute atteinte à la laïcité par des peines pénales". Il prône également la fin de la tolérance envers les blocages d'universités et la banalisation des journées de cours pour permettre aux étudiants d'aller manifester.
Le professeur s'inquiète particulièrement de l'influence de cette atmosphère sur la formation des futurs enseignants. "L'université, c'est la formation des profs du primaire et du secondaire. Or, la propagande qui est faite aujourd'hui, ce n'est que de la propagande anti-israélienne, qui vous fait passer le Hamas pour un mouvement de résistance et Israël pour le grand méchant", alerte-t-il.
"Je n'ai pas peur"
Malgré cette agression, Fabrice Balanche affirme ne pas céder à la peur. "Ça fait 35 ans que je travaille sur le Proche-Orient, sur la Syrie, sur le Liban. J'ai connu Beyrouth sous les bombes, j'ai fait du terrain en Syrie en période de guerre. Donc non, ça va, j'ai le cuir assez épais", assure-t-il. Le chercheur se dit toutefois inquiet pour sa famille mais reste déterminé à poursuivre son combat. "Il ne faut surtout pas céder aux intimidations. On a une islamisation du campus, on a des groupes d'extrême-gauche qui exercent un terrorisme intellectuel. Ça suffit ! Stop !", lance-t-il avec force.
Son témoignage résonne comme un appel aux autorités : "Il faut que le ministère prenne ses responsabilités, il faut que la direction de l'université prenne ses responsabilités. Arrête de reculer, arrête de négocier sans cesse avec eux."
Cette affaire s'inscrit dans un contexte plus large de tensions dans les universités françaises, notamment depuis le déclenchement de la guerre à Gaza.