"Même pas peur" : la tactique gagnante d'Itamar Ben Gvir
"Attrape-moi si tu peux" lance de plateau en plateau, d'interview en interview, Itamar Ben Gvir à Benjamin Netanyahou, qui non seulement ne l'attrape pas, mais en plus le laisse faire
Il aura réussi à voler la vedette à Netanyahou en cette date tant attendue du discours du Premier ministre devant le Congrès. L'homme du jour, c'est lui : Itamar Ben Gvir. Le ministre de la Sécurité nationale qui ne recule devant aucune provocation depuis qu'il est entré au gouvernement pour faire entendre sa voix, celle du grand Israël, de la guerre du nord au sud, d'une mainmise juive sur le Mont du Temple, d'une haine des "gauchistes faibles" ; la liste est longue.
"Attrape-moi si tu peux" lance de plateau en plateau, d'interview en interview, Itamar Ben Gvir à Benjamin Netanyahou, qui non seulement ne l'attrape pas, mais de plus le laisse faire. Il sait que, sans lui, "Bibi" tombe et la coalition s'effondre.
Ce 24 juillet, alors que les yeux des Israéliens devaient être tournés vers les États-Unis, le trublion du gouvernement a multiplié les sorties. "Biden, pas une grande perte" a-t-il ainsi lâché lors d'une interview sur Bloomberg tranquillement, quelques mois après avoir tweeté sans rencontrer d'opposition que "Le Hamas LOVE Biden", créant la stupéfaction outre-Atlantique. Des déclarations aussi provocatrices que celles de Yair, fils du Premier ministre, exilé à Miami pour moins que ça.
Il a aussi ce 24 juillet, et c'est plus grave, annoncé avoir prié sur le Mont du Temple pour la fin du statu quo de ce lieu, cœur de tous les incendies dans la région depuis des décennies. Le malheur de Ben Gvir ? N'être pas reconnu à sa juste valeur par les ministres. Son objectif ultime : faire partie de la cour des grands et être enfin admis dans le cabinet de guerre. Sa méthode ? Attirer l'attention.
Les atermoiements de Ben Gvir pourraient n'être que jeux d'ego prompts à faire les Une des journaux télévisés. Sauf que, en fond, se joue toute la stratégie de la guerre à Gaza. Itamar Ben Gvir, droitier parmi les droitiers, pense que rien, pas même la vie de jeunes gens arrachés de leur lit un matin d'octobre, ne peut justifier la libération de milliers de terroristes. Sa position est celle d'une partie de la population israélienne. Ben Gvir a aussi prié sur le Mont du Temple pour que Netanyahou ne "cède" pas à la pression qui veut un accord sur les otages. Loin, très loin des discrets offices de négociateurs, du Caire à Doha, Ben Gvir, malin, joue ses atouts à lui : Dieu, les rabbins, et une partie de l'opinion. Et se demande, comme tout le monde, qui va l'emporter.