Analyse | "La force inégalable de Tsahal", par Raphaël Jerusalmy
De la haute technologie aux valeurs humaines : plongée dans les atouts stratégiques qui font la puissance de l'armée israélienne
Autant Tsahal a tragiquement échoué le 7 octobre 2023, autant il a réagi depuis avec une vigueur et une rapidité incomparables, au point de changer complètement la carte géostratégique du Proche-Orient. Le fantasme des terroristes islamistes de voir l'armée d'Israël affaiblie, débordée, encerclée de toutes parts, s'est vite transformé en leur pire cauchemar. Depuis des mois, Tsahal se bat sur de multiples fronts, sans fléchir ni se relâcher, atteignant les cibles les plus lointaines, les plus secrètes, éliminant les chefs terroristes les uns après les autres, sapant même la puissance militaire iranienne. Plus Tsahal se bat et plus il se renforce, en apprenant à faire face à toutes les situations, sur toutes sortes de terrains, contre toutes sortes d'armements, en tirant les leçons de ses erreurs, en trouvant des solutions à chaque nouvelle menace, en innovant, en inventant, en concoctant des surprises. Cette supériorité de Tsahal est d'abord technologique. Elle est aussi organisationnelle. Et enfin, et surtout, humaine.
De par sa nature hautement technologique, Israël est l'un des premiers pays à avoir perçu les capacités impressionnantes de l'utilisation de l'Intelligence Artificielle dans tous les domaines, y compris le domaine militaire. Dès le départ, la branche de la recherche et du développement de Tsahal (MAFAT) a entrepris des projets ambitieux, faisant plancher des sociétés de haute technologie sur divers thèmes, en utilisant l'IA. Les solutions atteintes sont toutes hors du commun. Et classifiées. Certaines tiennent carrément de la science-fiction. À un autre niveau, l'utilisation médicale de l'IA a permis de sauver des vies de blessés graves qui, par le passé, n'auraient eu aucune chance de survivre. La rapidité des diagnostics et protocoles obtenus, jointe à l'emploi de la robotique chirurgicale et nano-chirurgicale, a donné lieu à de véritables miracles. L'IA a décuplé de même la rapidité d'analyse du terrain et de la prise de décision.
Aujourd'hui, derrière chaque unité combattante, il y a une seconde unité, informatique celle-là, qui suit une mission en temps réel et l'appuie de renseignements et de conseils opérationnels, utilisant des algorithmes bâtis, entre autres, sur l'expérience acquise par tous ceux ayant combattu auparavant dans des conditions similaires. Chaque soldat israélien a ainsi une ombre qui le suit au combat et qui n'est autre qu'un autre soldat assis devant un ordinateur pour l'aider à réagir mieux et plus vite, et à faire les bons choix. En Israël, tous les ingénieurs et techniciens sont eux-mêmes d'anciens soldats et officiers, ou des réservistes, qui comprennent exactement les besoins des troupes en action.
L'appui technologique fournit une imagerie virtuelle en 3D des postes ennemis. Il permet une communication codée que l'ennemi ne peut déchiffrer. Il programme de nouveaux robots qui pénétreront les endroits dangereux, tels que les tunnels. Il peut brouiller électroniquement les systèmes GPS de missiles et de drones. Parmi les dernières avancées, on notera le Dôme de fer naval monté sur un vaisseau qui est capable de fonctionner en pleine mer avec la même précision que s'il était planté sur la terre ferme. Et enfin, le grand changeur de la donne qui sera opérationnel d'ici un an : le laser. Arme suprême contre la menace la plus problématique aujourd'hui que représentent les drones. Le reste est tenu secret, on s'en doute.
À cette supériorité technologique incontestable, s'ajoute une efficience structurelle interne qu'aucune autre institution de défense au monde n'est encore parvenue à atteindre. Il s'agit, en premier lieu, du raccourcissement des temps de communication et de coordination entre le combattant sur le terrain et le haut commandement siégeant au QG. Ceci est l'œuvre du précédent chef d'état-major de Tsahal, le général Aviv Kokhavi, qu'il a parachevée en établissant aussi des raccourcis entre les différents corps et régiments, permettant à un officier d'infanterie d'obtenir un appui aérien en un temps record.
Le tout est augmenté d'une même rapidité de concertation et d'action commune entre le Mossad, le Shin-Beth et Tsahal. Un jeune commandant à Gaza peut disposer ainsi de renseignements sur un immeuble qu'il estime suspect, d'images virtuelles de l'intérieur, escaliers, pièces, caves, des évaluations opérationnelles des unités 8200 et 9900, de l'avis des généraux et d'officiers plus expérimentés, et demander que l'armée de l'air ou la marine interviennent immédiatement. Tout cela en moins d'une minute.
Autre progrès, celui-ci des suites de la guerre actuelle : Israël a lancé un vaste programme de production nationale d'armement afin de dépendre le moins possible d'autres pays et industries. La compagnie Elbit, par exemple, construit actuellement une usine en vue de la production de bombes lourdes que l'administration américaine livre à Israël au compte-gouttes et sous conditions. Israël se dirige rapidement vers une autonomie complète pour la plupart de ses munitions. Ce qui est loin d'être le cas de ses ennemis.
Mais la force inégalable de Tsahal, à laquelle aucun de ses adversaires ne peut prétendre, c'est l'atout humain. Ce sont les hommes et les femmes de tous bords, classes sociales, ethnies, qu'ils soient religieux ou laïcs, juifs ou non-juifs, de gauche ou de droite, qui représentent ensemble la mosaïque israélienne dont ils constituent l'indéniable élite. Les plus hautes valeurs morales, celles du judaïsme comme celles des Lumières, se retrouvent dans le code éthique de Tsahal. La tradition de bravoure et de patriotisme de l'armée israélienne est motivée par l'aspiration à la paix. Le combat, aussi rude soit-il, ne se fait jamais au prix de l'intégrité du combattant qui a le droit légal de refuser un ordre qu'il juge immoral.
Le soldat et la soldate de Tsahal défendent un mode de vie basé sur la liberté et la démocratie, la tolérance et l'ouverture d'esprit, face à des dictatures et autocraties islamistes et fanatiques qui n'ont aucun respect pour les droits élémentaires de l'homme, de l'enfant, et plus particulièrement de la femme. Ce qui est indestructible, même lors d'un massacre comme celui du 7 octobre, c'est cette stature, cette grandeur, cette dignité dont font preuve les soldats et officiers de la meilleure, sans doute, mais surtout et assurément, de la plus belle armée du monde.