Herzog s'alarme de la polarisation de la société : "On ne peut pas envoyer nos fils au front tout en menant des actions clivantes"
"Il est inconcevable de reprendre les combats pour accomplir le devoir de ramener les otages, tout en refusant d'écouter et de soutenir leurs familles angoissées qui traversent un enfer sur terre."


Dans une déclaration, le président israélien Isaac Herzog a exprimé jeudi sa profonde inquiétude face à la polarisation croissante de la société israélienne, en pleine reprise des combats à Gaza et alors que des milliers de réservistes sont rappelés sous les drapeaux.
"On ne peut qu'être profondément troublé par la dure réalité qui se déroule sous nos yeux : des milliers d'ordres de mobilisation ont été distribués récemment. Il est inadmissible d'envoyer nos fils au front tout en menant des actions controversées qui suscitent une profonde division au sein du peuple", a déclaré le président.
Un appel à l'écoute des familles d'otages
Herzog a particulièrement insisté sur le sort des otages et de leurs familles, dont la voix semble, selon lui, insuffisamment prise en compte : "Il est inconcevable de reprendre les combats pour accomplir le devoir sacré de ramener les otages, tout en refusant d'écouter et de soutenir leurs familles angoissées qui traversent un enfer sur terre."
Le président, dont la fonction est essentiellement protocolaire mais qui est devenu une figure centrale de l'unité nationale depuis le 7 octobre, a évoqué ses nombreuses rencontres avec les citoyens israéliens : "Tant de familles endeuillées, des milliers de citoyens que je rencontre chaque semaine, aujourd'hui encore, supplient, crient pour éviter d'approfondir les divisions, demandent l'unité, l'amour d'Israël, demandent de protéger l'État, demandent une enquête complète, exhaustive et indépendante sur la terrible catastrophe." "Il est donc impossible de ne pas être à l'écoute de cela et de chercher des consensus. Même si je devais être le dernier à l'exiger, je me sacrifierai pour la mission d'atteindre des ententes et des consensus", a-t-il ajouté.
Inquiétude face aux "actions unilatérales"
Le président a exprimé son inquiétude face à ce qu'il perçoit comme "une série d'actions unilatérales" dont il craint "profondément l'impact sur notre résilience nationale". Herzog a également pris la défense des responsables israéliens, cibles selon lui d'une campagne de dénigrement : "Je voudrais dire quelques mots sur nos fonctionnaires, qui font l'objet d'une campagne menée contre eux. Ce sont des fonctionnaires dévoués, qui accomplissent fidèlement leur travail, parmi eux des réservistes, des familles endeuillées, les voisins de chacun d'entre nous. Les meilleurs au service de l'État. Ils ne devraient pas être l'objet de diffamations. Il faut les mobiliser. En général, pour attirer les meilleures personnes au service public. Ce n'est pas ainsi qu'on procède." Le président a conclu son intervention par un appel à la prudence, exhortant les décideurs à évaluer soigneusement l'impact de leurs actions : "J'exige que chaque mesure soit bien pesée et qu'on examine si elle contribue à la résilience nationale, et particulièrement si elle contribue à l'effort de guerre et au retour des otages."
Cette déclaration intervient dans un contexte de tensions politiques accrues en Israël, notamment autour de la décision du Premier ministre Benjamin Netanyahou de limoger le chef du Shin Bet (service de sécurité intérieure), Ronen Bar, et des projets de réforme judiciaire qui avaient déjà profondément divisé la société israélienne avant le 7 octobre 2023.