M. le président Macron, "cessez-le-peu"
"Cessez le peu d'empathie à l'égard de la souffrance de ces jeunes femmes. Cessez le peu d'intelligence, vous le représentant du peuple français, dans une lecture à contresens de la réalité"
Au moment où l'accord de cessez-le-feu a été annoncé et avec la perspective que les otages israéliens allaient sortir de l'enfer du Hamas après 470 jours de captivité, Emmanuel Macron a choisi de commenter l'événement en évoquant en premier lieu les quinze mois de « l'injustifiable calvaire » des Palestiniens, « les mois de souffrance », exprimant « son espoir » pour les otages franco-israéliens et pour « une solution politique ».
Il est temps d'appeler à un « cessez-le-peu » de la part du chef de l'État français.
Cessez le peu d'empathie à l'égard de la souffrance de ces jeunes femmes maltraitées durant plus d'une année. Le 19 janvier, trois jeunes femmes ont été extirpées au milieu d'une foule d'hommes civils et en uniformes, convoqués devant les caméras pour célébrer le fait tellement lâche d'avoir kidnappé trois femmes.
Peut-être est-ce un vœu pieux mais il est fondé de demander au chef de l'État de cesser ce peu d'émotion.
De nombreux Français, de toutes confessions, n'ont toujours pas compris, à ce jour, pour quelle raison Emmanuel Macron avait refusé de marcher contre l'antisémitisme en novembre 2023, alors que la haine contre les Juifs commençait à s'afficher sans complexe après le massacre en Israël. Depuis, ses réactions ont été de Charybde en Scylla. Jusqu'à encore récemment.
Cessez le peu d'intelligence, vous le représentant du peuple français, dans une lecture à contresens de la réalité. Les uniformes flambant neufs, exhibés le 19 janvier 2024 par des ninjas du Hamas, flanqués de l'écusson de la Nuhba, la milice criminelle à l'avant-garde du pogrom du 7 octobre, ont du mal à cacher une vérité : le Hamas est exsangue, réduit à faire défiler ses guerriers de propagande gardés au chaud pour le final peu glorieux d'une guerre perdue. Les avertissements de l'Égypte au Hamas dès l'annonce de l'accord de cessez-le-feu par le Qatar doivent retenir l'attention. Il n'est plus question pour le Hamas de diriger la région. L'Autorité palestinienne, de son côté, revendique déjà de contrôler juridiquement et politiquement la bande de Gaza. Quant au peuple palestinien, le vrai, il gronde contre un Hamas auquel il reproche d'avoir provoqué le déluge de feu israélien sur leurs vies déjà difficiles. Ces réalités méritent des commentaires plus affinés que le mantra diplomatique français, vide de contenu, au sujet de la nécessité d'une « solution politique ».
Cessez le peu d'intérêt, s'il vous plaît, pour une région pour laquelle la difficulté à appréhender son évolution est patente. Il ne suffit pas de se précipiter à Beyrouth afin d'être le premier à serrer la main d'un président élu au terme d'un processus savant, en particulier dû à l'inventivité de l'émissaire français Jean-Yves Le Drian, pour être un acteur influent.
Les représentants saoudiens et les Américains sont déjà très présents pour reconstruire un Liban à genoux qui souhaite vraisemblablement retrouver son énergie et sa souveraineté. Pourquoi ne pas reconnaître que cet après-guerre d'octobre 2023, qui émerge, est le signal d'un Moyen-Orient qui se redessine sous nos yeux et les vôtres ?
Le Qatar est entré dans une phase constructive en s'affirmant comme une puissance de médiation, l'Arabie Saoudite, n'en déplaise aux Cassandre, souhaite accélérer sa coopération avec Israël. L'Europe, mis à part quelques pays, continue à se mettre hors-jeu, de l'avis des dirigeants de ces pays. La France reste engluée dans des schémas diplomatiques obsolètes. Pour un président qui promettait en 2017 de mettre son pays sur les rails du XXIe siècle, le pari est singulièrement raté.
Il est temps de cesser le peu d'audace politique qui exige de regarder le monde en face. Un monde dans lequel une région est en plein mouvement de plaques tectoniques plaçant Israël, ses expertises, sa technologie, son pragmatisme, sa passion pour la vie. À ce sujet, qui sait en France que le criminel Sinwar, le fomenteur de la razzia pogromiste du 7 octobre, a été longuement soigné dans un hôpital israélien pour une tumeur au cerveau ? Une fois libéré, à la place de construire une société, il a formé ses troupes à tuer et à violer.
En s'obstinant à rester aveugle devant les signaux d'alerte face aux mauvaises analyses, la France, tel le Titanic, continue de se diriger vers l'iceberg sous les eaux.
Il est temps que ses dirigeants décrètent de « cesser le peu » national. Avant le sauve-qui-peut.