Analyse | Les aveux d’un criminel de guerre, par Raphaël Jerusalmy
Je m’excuse d’avoir éliminé à moi seul les trois quarts des terroristes de la planète
Bonjour, je suis un criminel de guerre. Aujourd’hui, j’ai décidé d’avouer mes crimes. Le 07 octobre 2023, j’admets avoir tiré à balles réelles sur des patriotes palestiniens venus se débarrasser des juifs “de la rivière à la mer”. J’en ai tué quelques-uns alors qu’ils se joignaient à un festival de musique pour la paix. Je reconnais également avoir assassiné plusieurs gazaouis innocents et sans armes qui voulaient juste assister bénévolement les preux justiciers du Hamas à accomplir leur tâche ingrate et les aider à brûler vif, amputer et violer l’occupant sioniste. Je crains en avoir blessé deux grièvement alors qu’ils offraient leur hospitalité à une jeune fille d’un kibboutz voisin et proposaient de la conduire à Gaza, à leurs frais, dans un pimpant 4x4 que j’ai endommagé par mes coups de feu inconsidérés.
J’ai ensuite eu l’effronterie de les poursuivre et de détruire les tunnels qu’ils avaient eu tant de peine à creuser, plutôt que de bâtir des maisons et des usines, afin de mieux servir la cause et Allah. J’ai eu le mauvais goût d’avertir les habitants demeurant dans les immeubles que j’allais frapper et de leur indiquer les endroits auxquels se rendre pour être à l’abri des combats. J’ai poussé la méchanceté jusqu’à les prévenir par affichettes lancées du ciel, par téléphone, sur internet et par des explosions préventives à blanc, quitte à perdre tout effet de surprise sur l’ennemi. Non content de tant de vilénie, je leur ai fourni des centaines de camions de nourriture par jour alors que mon économie croulait sous le fardeau de la guerre qu’ils m’avaient déclarée à raison puisque, durant les mois précédents, j’avais eu le toupet de coordonner une assistance financière de pays arabes, dont le Qatar, d’autoriser des milliers de palestiniens à venir travailler en Israël et y gagner honorablement leur vie, d’envisager une coexistence sans haine ni violence.
J’ai eu la cruauté de laisser mes camarades perdre un bras, une jambe ou même la vie, en exigeant d’eux qu’ils se comportent plus moralement que n’importe quel soldat ne l’avait jamais fait dans toute l’histoire humaine. J’ai eu l’insolence de croire que je venais libérer les braves gens de Gaza du joug féroce des terroristes djihadistes qui les torturaient dans leurs geôles, les rançonnaient pour s’emplir les poches, détournaient l’aide de la communauté internationale pour s’acheter des villas de luxe ou bien se prélasser dans les palaces cinq étoiles de Doha et Istanbul. J’ignorais que je privais les gazaouis de la bienveillante protection de ces honorables bienfaiteurs de l’humanité.
Je m’excuse d’avoir endigué la vague islamiste qui allait déferler sur le monde. Je m’excuse d’avoir éliminé à moi seul les trois quarts des terroristes de la planète : ceux qui ont frappé le 07 octobre, ceux qui ont frappé au Bataclan, ceux qui ont assassiné les soldats et officiers français du Drakkar, ceux qui humilient les femmes et tabassent les homosexuels, ceux dont les admirateurs antisémites scandent des slogans appelant au pogrom tout comme au temps des nazis. Je m’excuse d’avoir soudoyé les arabes d’Israël pour qu’ils combattent à mes côtés, en leur offrant un meilleur niveau de vie que partout ailleurs dans les pays arabes et la chance de vivre dans l’unique démocratie de tout le Proche-Orient. Je m’excuse d’offrir aux peuples libanais, syrien, iranien, l’occasion de recouvrer leur dignité et leur liberté. Je m’excuse de me ficher éperdument de votre fiel, de votre acrimonie, de votre animosité. Par contre, en tant que combattant de Tsahal, fier soldat d’Israël, je ne vous excuse pas de soutenir ceux qui m’obligent à faire la guerre. Ni ne vous pardonne l’atteinte que la turpitude de votre hystérie collective porte à toute chance de dialogue. Vous, les criminels de paix.