Israël : un tribunal ordonne la libération d'un soldat ayant tiré sur un suspect après des cris de "Allah Akbar"
"La réalité dans laquelle nous vivons, particulièrement depuis le début de la guerre, est difficile et tendue, où chacun d'entre nous est 'sur le qui-vive'.


Un tribunal de Jérusalem a ordonné la libération d'un réserviste israélien qui avait tiré sur un homme issu d'une minorité soupçonné de terrorisme après que celui-ci ait crié "Allah Akbar" et poursuivi des civils dans le centre-ville.
Le juge David Shaul Gabai Richter du tribunal de première instance de Jérusalem a rejeté la demande de la police de prolonger la détention du soldat de six jours supplémentaires, ordonnant plutôt son assignation à résidence.
Selon l'organisation Honenu, qui a fourni l'assistance juridique au militaire, l'incident s'est produit alors que le réserviste, membre d'une unité d'élite, se trouvait en soirée avec son épouse dans le centre de Jérusalem. Le couple aurait alors aperçu des civils fuyant un homme qui les poursuivait en criant "Allah Akbar", expression souvent associée aux attaques terroristes en Israël. Le soldat a alors procédé selon le protocole d'interpellation d'un suspect. Après que l'homme n'a pas répondu aux sommations et aux tirs de sommation, continuant à s'approcher de façon menaçante tout en criant en arabe, le militaire a tiré dans la jambe du suspect. La police, arrivée sur les lieux, a arrêté le réserviste qui a passé la nuit en détention. Le tribunal a finalement accepté la version des faits du soldat et ordonné sa libération. Dans sa décision, le juge Richter a écrit : "La réalité dans laquelle nous vivons, particulièrement depuis le début de la guerre, est difficile et tendue, où chacun d'entre nous est 'sur le qui-vive'. La multiplication des attentats commis par des individus isolés de diverses manières menace significativement le sentiment de sécurité personnelle dans l'espace public, et ce n'est pas sans raison que beaucoup choisissent de porter une arme personnelle pour se protéger et protéger les autres." Le magistrat a ajouté : "C'est un fait incontesté que de nombreuses tentatives d'attentats se terminent à un stade précoce grâce à l'intervention de citoyens vigilants et armés. De ce point de vue, cet incident n'est pas différent des autres, et la police a eu raison de retirer l'accusation de motivation raciste." "Je n'ai pas trouvé que le comportement du suspect ait dépassé ce que l'on attend d'une personne armée, et il semble qu'il avait des motifs raisonnables de craindre la personne qui a été touchée. Par conséquent, bien qu'il s'agisse d'un incident où une arme a été utilisée, et bien que cela soit dangereux en soi, je ne pense pas qu'on puisse attribuer un danger à l'accusé comme s'il était un criminel ayant tiré pour des motifs criminels, et il y a donc lieu de le libérer", a conclu le juge.
L'avocat Adi Kedar de l'organisation Honenu, qui représentait le soldat, a déclaré : "Il s'agit d'un combattant d'élite qui, avec sa femme, s'est retrouvé dans un incident de sécurité, a affronté la menace et l'a éliminée. Le combattant a agi avec bravoure en tirant conformément aux procédures d'ouverture du feu. Malheureusement, il s'est retrouvé interrogé et détenu." "Lors de l'audience concernant la demande de la police de prolonger sa détention, le tribunal a accepté notre position et a déterminé de manière catégorique que le soldat avait agi correctement et qu'il avait des raisons légitimes de se méfier du suspect. Nous espérons que la police israélienne tiendra compte de la décision du tribunal, en tirera les leçons et s'adaptera à la réalité sécuritaire et à la situation sensible dans le pays", a-t-il ajouté. Le réserviste, étudiant en gestion et ancien soldat isolé en Israël (sans famille dans le pays), se trouvait à l'étranger lors de l'attaque du 7 octobre 2023. Il est alors rentré immédiatement en Israël pour effectuer un service prolongé de réserve à Gaza, au Liban et dans d'autres zones de combat.