- i24NEWS
- International
- Moyen-Orient
- L'Iran divisé sur sa riposte après l'assassinat de commandants des Gardiens de la révolution en Syrie
L'Iran divisé sur sa riposte après l'assassinat de commandants des Gardiens de la révolution en Syrie
Ceux qui prônent un coup direct porté contre Israël affirment qu'une riposte moins visible serait "un signe de faiblesse" de Téhéran
L'Iran serait partagé quant à la réponse à fournir après l'assassinat de deux commandants des Gardiens de la révolution, dont Mohammed Reza Zahari, commandant de la Force Qods, dans une frappe à Damas attribuée à Israël qui a touché une antenne de son ambassade. S'il considère la vengeance de ces morts comme "un devoir moral", l'appareil politique et sécuritaire du pays est divisé entre les partisans d'une frappe directe contre Israël, avec des missiles balistiques, et ceux qui prônent "la patience stratégique" et des coups indirects via les mandataires iraniens dans la région. C'est ce qui est ressorti d'une réunion d'urgence organisée mardi par le Conseil national suprême iranien, selon le New York Times.
Ceux qui prônent un coup direct porté contre Israël affirment qu'une riposte moins visible serait "un signe de faiblesse" de Téhéran, tandis que les autres considèrent que le pays doit à tout prix éviter l'escalade qui pourrait mener à une guerre. Selon un responsable iranien cité par le Financial Times, le président Raïssi, qui a assuré que "ces crimes lâches ne resteraient pas sans réponse", chercherait en fait à tout prix à éviter un conflit frontal avec l'Etat hébreu, et serait donc favorable à une riposte indirecte. Idem du côté du guide suprême d'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, "qui a promis que "le régime pervers sioniste serait puni", et que l'Iran" lui ferait regretter ce crime et les autres".
"C'est la politique iranienne", estime Raphaël Jerusalmy, ancien officier israélien des Renseignements. "Ils menacent mais ne font pas grand chose. Après la mort de Soleimani en janvier 2020, ils avaient réagi de la même manière". Téhéran avait alors promis une vengeance mémorable, laissant planer le spectre de frappes directes contre l'Etat hébreu. Même chose après l'assassinat de Mohsen Fahrizadeh, le chef du programme nucléaire iranien, en novembre de la même année. Mais dans les faits, l'Iran s'est jusqu'ici abstenu de toute action susceptible de déclencher une guerre avec son ennemi juré.
Les observateurs, qui s'accordent à dire que les frappes attribuées à Tsahal contre l'annexe de l'ambassade iranienne à Damas constituent une indéniable escalade, estiment que la riposte de Téhéran devrait prendre la forme d'attaques renouvelées de ses proxys contre les bases militaires américaines en Irak et contre les navires marchands occidentaux en mer Rouge. En Israël, on pense que la vengeance iranienne pourrait entraîner des attentats contre des Israéliens ou des juifs à l'étranger, appelées "cibles molles" et plus faciles d'accès. "Il pourrait s'agir d'entreprises ou de touristes israéliens en Turquie notamment", estime Raphaël Jerusalmy.
"L'Iran sait qu'il ne doit pas 'chatouiller' Israël en ce moment, alors que le pays exprime depuis le 7 octobre une détermination sans faille contre ses ennemis", affirme-t-il. Et de préciser que l'assassinat de Mohammed Reza Zahari, qui dirigeait la Force Qods en Syrie et au Liban, pourrait contribuer à affaiblir le Hezbollah et à modifier la donne sur le front nord.