COP 29 : Une politique de la chaise vide pour la France incompréhensible, par Leyla Abdullayeva
Après l'affirmation de la nécessité d'une doctrine "Europe First", en réponse au retour d'"America First" lors du sommet de CEP à Budapest, cette doctrine "Arménie First" ne manque pas de surprendre
« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » Certainement habité par sa gloire passée et ces vers bien connus de Lamartine, illustre ministre des Affaires étrangères, peut-être le gouvernement français pense-t-il que son absence au sommet de la COP 29 va signifier aux yeux du monde l'échec de cette conférence et donc l'isolement de Bakou sur la scène internationale.
C'est pourtant tout le contraire. L'ouverture de la COP réunit, comme chacun le constate, plus de 100 délégations, parmi lesquelles plusieurs chefs d'État et de gouvernement, y compris européens, et s'annonce donc comme un moment essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique et, en particulier, pour la définition des nouveaux objectifs du financement climatique.
Certains affirment que cette absence vise à marquer le soutien de la France à l'Arménie et son opposition à Bakou.
Après l'affirmation de la nécessité d'une doctrine "Europe First", en réponse au retour d'"America First" lors du sommet de CEP à Budapest, cette doctrine "Arménie First" de la part de la France ne manque pas de me surprendre.
Tout d'abord, parce que l'accord de paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan se dessine et que le dialogue direct entre les deux États donne des résultats concrets. Par cette position, la France, au lieu d'encourager la paix, encourage les plus extrémistes, notamment par ses livraisons d'armes, qui préfèrent préparer une nouvelle guerre plutôt qu'une paix juste et durable.
Deuxièmement, que le gouvernement français le veuille ou non, malgré son absence, le monde ne va pas se dépeupler de décisions importantes mais va continuer à avancer.
Enfin, je l'ai bien compris, cette absence vise à affirmer le message universaliste de la France. Chacun sait que la France est une démocratie parfaite et qu'aucun État dans le monde ne l'égale, mais j'invite chacun à venir à Bakou pour se faire soi-même une idée. Chacun sera surpris de constater que dans ce pays chiite à 90%, la laïcité n'est pas un vain mot, que les représentants de différentes communautés ethniques et religieuses vivent ensemble dans la paix et l'harmonie, que les synagogues et la communauté juive n'ont pas besoin d'être protégées, que les églises sonnent les cloches pour appeler les fidèles... En venant, chacun constatera qu'internet est libre et ouvert... En venant, chacun pourra se faire une idée juste, loin des préjugés, approximations et fake news.
Comme beaucoup d'États, l'Azerbaïdjan n'est sans doute pas parfait, mais avec ou sans la France, l'Azerbaïdjan continuera à œuvrer pour un monde plus sûr, plus juste pour sa population, avec son voisin arménien et l'ensemble de la communauté internationale.
Leyla ABDULLAYEVA
Ambassadrice d'Azerbaïdjan en France